dimanche 21 août 2016

Outiller le dessin, drawing room 016, 14-18 septembre, La Panacée, Montpellier


Outiller le dessin
Exposition présentée dans le cadre de drawing room 016
14-18 septembre 2016

Commissariat: Johana Carrier & Joana Neves pour la Plateforme Roven

Avec: Silvia Bächli, Charbel-joseph H. Boutros, Isabelle Cornaro, Detanico & Lain, Peter Downsbrough, Richard Fauguet, Kristján Guðmundsson, Jane Hammond, David Hammons, Hippolyte Hentgen, Benjamin Hochart, Marie-Jeanne Hoffner, Laurent Le Deunff, Daphné Le Sergent, Sol LeWitt, Anthony McCall, François Morellet, Marine Pagès, Michel Paysant, Chloe Piene, Ève Pietruschi, Diogo Pimentão, Julien Prévieux, Amanda Riffo, Jean-Luc Verna, Jorinde Voigt, Elsa Werth

 
Visite "point de vue" avec Johana Carrier dimanche 18 septembre à 15h

 
http://www.drawingroom.fr/blog/evenements/

La Panacée — Centre d’art contemporain
14 rue de l’école de pharmacie 34000 Montpellier

www.lapanacee.org

Extrait du texte accompagnant l'exposition:

 Outiller le dessin

Outiller : (verbe trans.) Pourvoir, munir des outils, des machines nécessaires à un travail, à une production. Pourvoir des éléments, des structures nécessaires à l’exercice d’une activité. […] Doter quelqu’un des moyens nécessaires pour exercer une activité intellectuelle[1].


Suite à l’avènement de l’art conceptuel, le concept est devenu principe – immatériel, spirituel, idéal, parfois mystique – de la pratique artistique qui, elle-même, n’en demeure pas moins un faire. L’exposition Outiller le dessin se situe le long de la frontière entre l’idée et la pratique, là où celles-ci se frottent de façon originale, faisant de notre période un moment charnière ou les processus de pensée deviennent aussi concrets que le graphite ou les calculs mathématiques. À l’invitation de drawing room 016 nous avons sélectionné des œuvres d’artistes qui déploient, systématiquement ou ponctuellement, la portée de différents outils du dessin.

Mais qu’entendons-nous par « outiller le dessin » ? La verbalisation du substantif « outil » s’avère être une vraie réflexion sur la notion même de « moyen ». Loin d’être une simple tautologie – donner des outils à une pratique, le dessin, lui-même traditionnellement compris comme un outil –, notre titre explore la redéfinition du dessin au fil du xxe siècle[2]. Ainsi, les mots-clés issus de la définition du dictionnaire – machine, élément, structure, moyen, activité intellectuelle – se retrouvent dans les multiples ramifications du modernisme. Vassily Kandinsky a creusé les outils graphiques pour n’en garder que les éléments constitutifs essentiels ; Sol LeWitt a, quant à lui, bel et bien envisagé l’idée comme une machine qui fait œuvre. Si le dessin fut traditionnellement un outil employé pour s’essayer à des techniques et des formes, pour projeter des sculptures, des scènes de théâtre, parmi d’autres réalisations, il a aussi constitué l’un des refuges de l’art conceptuel pour des artistes comme Hanne Darboven, Mel Bochner, Denis Oppenheim, ou même André Raffray, et tant d’autres. Par ailleurs, et peut être justement par sa disponibilité et son ouverture au-delà des genres artistiques, le dessin nous permet de nous concentrer sur un langage propre au processus, à l’inscription, à l’écriture, par l’intermédiaire de son paradigme le plus élémentaire, la ligne. Ce qui nous amène aux manifestations théoriques sur lesquelles s’appuie la pratique du dessin, bref, à ses outils de pensée (la ligne, la perspective, le plan, le point, etc.). C’est ainsi que n’importe quelle marque, par n’importe quel moyen, sur une variété de surfaces peut détacher le dessin de ses matériaux habituels – le papier et la mine de graphite. Où, alors, retrouve-t-on le dessin ? Une des réponses immédiates est sans doute l’ordinateur, ou le programme informatique pour être exact, avec son prolongement machinique du scanner, de l’imprimante et de la projection vidéo. 

Si l’on revient aux sources, un outil est donc tout matériau utilisé pour la réalisation d’un dessin, dans toutes ses étapes : le crayon, l’aquarelle, le fusain, la feuille de papier, mais aussi le programme informatique, l’impression, le découpage, le collage, etc. En allant au-delà de ces fondements, que se passe-t-il quand les outils sont soumis a de nouvelles contraintes, quand ils servent, par exemple, à la réalisation d’une œuvre dans un autre medium ? Le dessin, en fournissant l’armature même de notre monde en trois dimensions (la perspective), ou en se plaçant comme un allié du phénomène chimique de la photographie à ses débuts (le « crayon de la nature[3] » selon William Henri Fox Talbot), pénètre notre monde physique.
Mais comment nous y retrouver, dans cet outillage du dessin ? N’encourt-on pas le risque d’écraser l’univers de chaque artiste sous une perspective utilitaire ? Compte-tenu de l’espace (une cimaise longue de 15 m avec la possibilité d’accrocher de part et d’autre), nous avons commencé par établir deux grandes familles d’artistes selon deux tendances plus ou moins explicites dans le travail de chacun d’eux. D’autant plus que, lorsqu’il s’agit de dessin, tout choix technique devient aussi un choix philosophique : qu’il se fasse ligne parcourant ou découpant des images imprimées ou bien qu’il se plie à des matériaux excentriques, tout geste de dessin, ainsi ramené à son langage élémentaire, peut potentiellement devenir un geste politique, éthique, ontologique…
Nous avons ainsi, sur le mur tourné vers l’extérieur, un ensemble d’œuvres qui établissent un lien entre corps découpé et corps du dessin, s’appuyant sur des images du corps morcelé par le biais de manipulations des matériaux, de techniques renversées. De l’autre côté du mur nous avons rassemblé des œuvres qui associent des structures mentales ou corporelles au diagramme, qui semble être le lien entre les deux, souvent grâce à la machine ou au geste fonctionnant comme tel. 
[...] 

Johana Carrier & Joana Neves, août 2016 



[1] Définition issue de http://www.cnrtl.fr/definition/outiller [lien consulté le 3 juin 2016].

[2] Pour emprunter le titre de l’ouvrage édité par Jennifer R. Gross, Drawing Redefined, publié à l’occasion de l’exposition éponyme au deCordova Sculpture Park and Museum, Lincoln, Massachussets. Jennifer R. Gross, Drawing Redefined, New Haven, London, Yale University Press, 2015.

[3] Titre de l’ouvrage du pionnier britannique de la photographie, William Henry Fox-Talbot, publié en 1844, comportant des images photographiques et une introduction à la technique, qu’il a lui-même eu le désir de développer en raison de sa frustration envers ses faibles qualités de dessinateur.

Roven partenaire de Paréidolie, Marseille, 27-28 août

Retrouvez Roven éditions à
Images intégrées 1
PARÉIDOLIE, Salon international du dessin contemporain
Marseille
samedi 27 et dimanche 28  août 2016, 11h-20h 
entrée libre
 
Château de Servières 
19, bd Boisson – 13004 Marseille
Tél. : +33 (0)4 91 85 42 78  / +33 (0)6 08 32 51 21